La filière avicole française est confrontée à de nombreux défis qui remettent en question son modèle de production et sa compétitivité. Face à la concurrence internationale, aux exigences des consommateurs et aux enjeux de durabilité, les acteurs de la filière sont contraints de s’adapter et d’innover pour préserver leur avenir. Quels sont les principaux défis auxquels la filière avicole française doit faire face ? Comment peut-elle se transformer pour y répondre ? Quelles sont les perspectives d’évolution à l’horizon 2025 ?

Un contexte économique tendu

Le secteur de la production et de l’élevage avicole hexagonal est composée de plus de 30 000 élevages, qui produisent chaque année environ 2 millions de tonnes de viande de volaille (poulet, dinde, canard, pintade, etc.) et 15 milliards d’œufs. Elle représente approximativement 100 000 emplois directs et indirects, et génère un chiffre d’affaires de plus de 7 milliards d’euros (pour plus de chiffres et d’infos en la matière, rendez-vous sur volaille-info.fr).

La filière avicole française est la deuxième productrice européenne de viande de volaille, derrière la Pologne, et la troisième productrice mondiale d’œufs, derrière la Chine et les États-Unis. Pourtant, la filière avicole française connaît une situation économique difficile depuis plusieurs années. En effet, elle subit une forte concurrence des importations, qui représentent près de la moitié de la consommation nationale de viande de poulet. Des importations qui proviennent principalement du Brésil, de la Thaïlande et de l’Ukraine, et qui bénéficient de coûts de production plus faibles et de normes sanitaires et environnementales moins contraignantes. La filière avicole française peine à valoriser son origine et sa qualité auprès des consommateurs, notamment dans la restauration hors domicile, où l’origine de la viande n’est pas toujours affichée.

La hausse des coûts de production lui fait également payer un lourd tribut, lié à l’augmentation du prix des matières premières (céréales, soja, énergie). Mais aussi par la mise en conformité avec les réglementations européennes en matière de bien-être animal et d’environnement. La rentabilité des élevages est ainsi mise à mal, et certains éleveurs se voient contraints de cesser leur activité la mort dans l’âme. 

Les perspectives d’évolution à l’horizon 2025

Face à ces défis, la filière avicole française doit se transformer pour assurer sa compétitivité et sa durabilité. Une étude prospective menée par l’INRA et l’ITAVI a identifié trois scénarios possibles d’évolution de la filière à l’horizon 2025, en fonction des choix stratégiques des acteurs et du contexte réglementaire et sociétal.

  • Le scénario “Business as usual” correspond à une poursuite des tendances actuelles, sans changement majeur dans les pratiques ni dans les politiques publiques. Le secteur volaller national continue de subir la concurrence des importations et à perdre des parts de marché. Elle se concentre sur les segments de marché les plus rentables, comme les produits élaborés ou les labels de qualité. Elle maintient un niveau de production stable, mais avec une baisse du nombre d’élevages et une augmentation de leur taille. Elle respecte les normes sanitaires et environnementales en vigueur, mais sans aller au-delà.
  • Le scénario “Rupture” dépeint une remise en cause radicale du modèle de production actuel, sous la pression des consommateurs, des associations et des pouvoirs publics. La filière est soumise à des exigences accrues en matière de bien-être animal, d’environnement et de traçabilité. Elle doit s’adapter à une demande plus diversifiée et plus volatile, qui privilégie les produits locaux, biologiques ou végétariens. Elle réduit fortement son niveau de production, mais avec une augmentation de la valeur ajoutée et de la qualité. En parallèle, elle développe des pratiques plus respectueuses de l’animal, de l’homme et de la planète.
  • Le scénario “Innovation” quant à lui, décrit une adaptation progressive du modèle de production actuel, grâce à l’innovation technologique, organisationnelle et sociale : le secteur dans son ensemble se dote d’une stratégie collective, qui vise à renforcer sa compétitivité et sa durabilité. Elle investit dans la recherche et le développement, pour améliorer ses performances techniques, économiques, sanitaires et environnementales. Elle diversifie ses modes de production, ses produits et ses marchés, pour répondre aux attentes des consommateurs et aux opportunités des exportations. Elle augmente son niveau de production, mais avec une meilleure répartition des valeurs et des coûts entre les acteurs.

Précisons pour conclure que ces scénarios ne sont pas des prédictions, mais plutôt des outils de réflexion pour aider les acteurs de la filière à anticiper les évolutions possibles et à orienter leurs choix stratégiques. Ils montrent que la filière avicole française dispose de marges de manœuvre et d’atouts pour faire face aux défis qui se présentent à elle, à condition de s’adapter et d’innover.